Droit de superficie
Retranscription de l’interview
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est un droit de superficie ?
Le droit de superficie, aussi connu sous le nom de DDP, c’est-à-dire droits distincts et permanents, est un droit qui donne à quelqu’un la possibilité de construire un immeuble sur une parcelle qui ne lui appartient pas. Petite parenthèse, quand je parle d’un immeuble, c’est bien entendu la définition juridique du mot immeuble. Ce n’est pas dans le sens commun, où l’on parlerait d’un bloc d’immeuble. Cela pourrait donc très bien être une construction d’une maison ou d’un chalet par exemple.
Parenthèse fermée, pour schématiser ça, le droit de superficie c’est une sorte de location de terrain, ou vous serriez propriétaires des murs de ce que vous allez construire dessus.
Vous dites que c’est comparable à de la location… Est-ce que cela signifie que cela se fait sous la même forme qu’un contrat de bail ordinaire ?
Non, absolument pas. Pour commencer, il faut savoir que le contrat du droit de superficie doit se faire sous la forme authentique, c’est-à-dire passée devant le notaire. Les parties deux parties du contrats sont le superficiant (propriétaire du terrain), et le superficiaire (celui qui veut construire l’immeuble). Le contrat du droit de superficie définit spécifiquement toutes les conditions. Par exemple la durée du droit de superficie, le montant des rentes à payer, comment elles peuvent s’adapter avec le temps, l’indemnité de retour, etc. Je précise également que le droit de superficie sera inscrit dans l’extrait du registre foncier sous la forme d’une servitude.
Quelle est la durée d’un droit de superficie ?
Malgré le fait qu’on le nomme également droits distincts et permanents, le droit de superficie a la particularité d’être limité dans le temps. Cela dit, il peut tout à fait être renouvelé à son échéance, ce qui se passe assez régulièrement dans la pratique. La durée minimale d’un droit de superficie est de 30 ans, et la durée maximale est de 100 ans. Dans la mesure où le superficiaire s’engage à construire un immeuble, il est donc normal que ces durées soient relativement longues.
Quel est l’intérêt pour un propriétaire de faire grever sa parcelle d’un droit de superficie ? Est-ce courant comme pratique ?
Non, ce n’est pas une pratique très répandue, mais elle existe tout de même dans certains endroits, notamment dans les grandes villes. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’un DDP permet au superficiant de planifier des rentrées d’argent sur une très longue période. Cela n’est donc pas négligeable. C’est la raison pour laquelle beaucoup de communes ne vendent pas leurs terrains, mais les mettent en DDP. En effet, cela leur permet d’avoir une rentrée d’argent régulière.
Dans ce cas, quels sont les avantages pour le superficiaire, c’est-à-dire celui qui veut construire.
L’avantage principal, est que ça lui permet de construire à moindre coûts. On a tendance à dire que les prix de l’immobilier ont flambés au court des vingt dernières années. Alors c’est vrai, mais ce qui a surtout flambé, c’est le prix du terrain, et pas forcément les coûts de constructions. Donc l’avantage de pouvoir construire sans devoir sortir les fonds-propres pour le terrain est réellement intéressant. Suivant la région où vous vous situez, cela peut vite représenter une différence de plusieurs centaines de milliers de francs.
Vis-à-vis du financement hypothécaire, cela est donc en faveur du superficiaire, car celui-ci devra sortir moins d’argent.
En dehors des communes, est-ce qu’il arrive aussi que des privés mettent à disposition des parcelles en DDP ?
Oui ça peut également arriver, même si ce n’est pas très commun comme procédé. Il arrive parfois que certaines promotions d’appartements en PPE se vendent sous la forme d’un droit de superficie.
Les échéances sont très longues, vous l’avez dit, entre 30ans à 100 ans. Que se passe-t-il à la fin ?
Sur le principe, à la fin de l’échéance, l’immeuble revient au propriétaire du terrain, et les superficiaires doivent déménager. Cela dit, le propriétaire du terrain devra payer une indemnisation aux superficiaires. Le calcul de cette indemnisation est spécifié dans le contrat du droit de superficie, mais dans la pratique, elle se situe entre 70% à 80% de la valeur vénale du bâtiment, à la date de la fin du droit de superficie. Comme je l’ai dit auparavant, il arrive aussi souvent que le propriétaire du terrain prolonge le droit de superficie. En effet, cette solution lui évitera de payer des indemnisations assez conséquentes.
Si on se positionne en tant qu’acheteur maintenant. Quelles sont les différences entre acheter un appartement dans un immeuble classique, ou un autre en droit de superficie ?
Vis-à-vis du financement hypothécaire, il y a deux différences à une acquisition dite standard. Premièrement, le montant de la rente annuelle du droit de superficie sera ajouté à la fameuse tenue des charges théoriques qui est calculée par les établissements de financements. Cela dit, ça n’a pas vraiment d’incidence dans la mesure où le montant du financement sera moins élevé. En effet, vous aurez également moins d’intérêts à payer.
Concernant l’amortissement, dans la majorité des établissements de financements, la totalité du montant du prêt devra être amortie pour l’échéance du droit de superficie. Là aussi, cela n’a pas vraiment de différence avec un financement classique, à part si la durée résiduelle du droit de superficie est courte. En effet, rembourser une dette sur 20 ans n’est pas la même chose que rembourser une dette sur 100 ans.
Pour ce qui concerne le reste, comme par exemple l’aménagement de chez sois, les travaux, etc, il n’y a pas de différence avec une acquisition standard. Vous avez les mêmes droits.
Un petit mot de fiscalité maintenant pour terminer. Quelles sont les différences lorsque nous achetons un bien immobilier en droit de superficie, comparé à une vente classique ?
L’indemnité payée par le superficiaire peut être déduite fiscalement dans la rubrique frais de déplacement. Par ailleurs, vous pourrez également la déduire de votre valeur locative. Donc finalement, l’achat d’un immeuble en droit de superficie n’est pas une si mauvaise affaire, surtout si le droit de superficie est sur une très longue période, proche de 100 ans !
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Interview réalisée par Radio Chablais, en compagnie de:
Rabl Pascal
Directeur chez Blue Immobilier SA